Une tranquilitée brisée [PV Etoile]

Je dormis mal cette nuit-là voir presque pas à cause d'un maudit cauchemar, un cauchemar qui concernait la nuit la plus poignante de toute ma vie. Ce fut pour cette raison que j'étais réveillée bien avant le lever du soleil et que je me dirigeais vers l'extérieur de la termitière sans prendre la peine de faire un brin de toilette. Je décidais d'aller chasser sur les terres des Pridelanders comme à mon habitude lorsqu'un lionceau du clan me fonça dans les pattes. Je lâchais un grognement peu amène qui intimida le petit et alerta la jeune mère. Cette dernière me lorgna d'un oeil mauvais et je lui rendis la pareille, allant même jusqu'à sortir les crocs.

- Même pas capable de surveiller un chaton, l'éducation est à refaire, lachais-je sans attendre de réponse.

Il n'y avait pas de place pour les faibles chez les Rebelles. Je trottinais jusqu'aux terres ennemies mais je n'avais pas vraiment faim et je cherchais plutôt la présence de mon ennemi qu'autre chose. Il ne se montra pas. Quelle poule mouillée !! Etait-il si vieux que cela pour ne plus vouloir sortir de la caverne ou bien se doutait-il que je voulais me venger et il craignait donc mes griffes ? Bahh peut-être n'étais-je jamais là où il se trouvait. Je grommelais dans ma barbe et décidais de nettoyer mon pelage afin de me détendre un peu, sans succès. La journée s'annonçait très mal. Je fis demi-tour et quittais la Terre des Lions sans pour autant avoir envie de rentrer.

Mes pas me guidèrent jusqu'à une cascade et je perçus une forte odeur féline. Un mâle et un solitaire si mon odorat ne me trompait pas. D'ailleurs, j'eu à peine le temps de l'appercevoir que déjà il me taquinait :

-Elle fait quoi la, la petite ?

*Petite !?*
Je lâchais un grognement mauvais en lorgnant l'adolescent d'un oeil sombre. Je devais bien avouer qu'il était bien bâtit et sûrement très résistant vu sa carrure athlétique mais je ne m'arrêtais pas à ces détails. Ce n'était qu'un lionceau qui se prenait pour un adulte.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? crâchais-je en m'approchant de l'eau.

Je lappais quelques gorgées de ce précieux liquide avant de me lécher les babines. Je n'avais pas mangé et s'il ne cessait pas tout de suite ce petit manège, je ferais de lui mon prochain repas. Disons que les évènements de la matinée ne m'avaient pas aidés à me contrôler donc ses petits commentaires, soit il se les gardait, soit je le transformerais en repas pour les crocodiles.

Le lion roula sur le dos, m'obligeant à défaire ma prise, puis s'assit pour lécher ses blessures. Je gardais une posture offensive en le fusillant du regard, un geste de travers et je le tuerais sans aucun regret. Il eut tout de même l'audace de sourire à croire qu'il ne me craignait pas, j'avais horreur de cette réaction - bien que je réagissais de la même manière lorsque j'étais celle qui énervait mon adversaire.

- C'est bon, c'était juste pour voir ta réaction et je vois que tu l'as assez mal pris, je m'excuse ...

Je me redressais, sceptique, avant de grogner avec mépris. En plus de cela il me testait, n'avait-il vraiment rien à faire ou était-il suicidaire !? Il me montra les crocs et je lui montrais les miens pour bien lui montrer que je n'étais pas impressionnée. Je n'étais pas de bonne humeur et je n'allais certainement pas supporter son égo de mâle très longtemps.

- T'as tout de même de la force pour une lionne.
- Ça t'apprendra à sous-estimer les Rebelles, crâchais-je.

Cela dit, j'appréciais le compliment. Mes heures d'entraînement payaient plutôt bien. Je le toisais quelques temps avant de rentrer crocs et griffes. Il s'était excusé, mon attitude provocatrice ne ferait que nous mener au combat. Je n'en avais rien à faire habituellement et j'avais vraiment besoin de me défouler mais malgré ses mauvaises plaisanteries, ce lion était le premier solitaire que je rencontrais et leur mode de vie m'intringuait. Je m'assis sur la terre sèche et entourait mes pattes de ma queue tandis que je passais de grands coups de langues sur mon pelage hérissé afin de le remettre normalement.

Un long silence plana au dessus de nos têtes vaguement brisé par les clapotis de l'eau sur les rochers. Il n'était pas gênant mais aucun de nous deux ne souhaitait le briser, pour ma part je ne pouvais engager la conversation puisque j'étais occupée bien que je n'en avais aucune envie d'ailleurs. Cela dit, l'étranger me demanda :

- C'est comment chez les Rebelles ?

Je cessais toute activité afin de plonger mon regard dans le sien. Je sondais ses prunelles avec intensité tout en tâchant de garder un visage impassible. Tiens donc, il insultait le clan, s'excusait et voulait dès à présent avoir des informations sur nous. Que cherchait-il à la fin ? Était-il un espion des Pridelanders ? Je ricanais dans ma barbe. Non, les Pridelanders étaient trop peu intelligents pour avoir une idée pareille et puis le solitaire semblait réellement curieux. Voulait-il intégrer un clan ? J'en doutais fort, il avait l'air de bien tenir à sa liberté. Mon regard se durcit et je méditais un moment sur sa question avant de lâcher :

- Qu'est-ce qui t'intrigues chez nous ?

J'étais sur mes gardes naturellement, nous n'étions pas un clan aussi libre que les Pridelanders et la confidentialité était de mise que se soit niveau stratégique ou effectif. Je notais mentalement tous ses comportements face à mes questions et à mes réponses. Il n'avait pas l'air nerveux pour l'instant. Était-ce vraiment des questions pacifiques ?